Fiche livre avec critiques contemporaines de la parution de l'ouvrage


N°38 - Quatre-vingt-treize.

Primo publication Nelson en mars 1913
in-16, 1fr25, 189 rue Saint-Jacques, 565pp
Illustration : Louis BAILLY



L'avis de la critique bien pensante de l' époque

Publié en 1874, Evocation de la terrible année révolutionnaire, La scène du roman se passe en Vendée, et l'on peut dire que la guerre de Vendée est le véritable sujet de toute l'oeuvre.

Trois personnages dominent l'action qui est peu compliquée : le marquis de Lantenac, chef des Vendéens ; Cimourdain, conventionnel défroqué; le ci-devant vicomte Gauvain, neveu de Lantenac, commandant des forces républicaines en, Vendée, Victor Hugo va mêler ces trois éléments et opposer ces trois types. L'ancien prêtre, Cimourdain, estime, que la France avant 93 est une " tumeur qu'il faut couper : la révolution s'en charge de là l'hémorragie. " Gauvain, lui, est pour la " république de l'idéal " etc. Or, ces deux héros, le fanatique et l'utopiste, représentent par leurs doctrines les " deux pôles du vrai ". Reste le Vendéen sans le noircir à l'excès, Hugo nous le rend horrible parce qu'il est césarien, non chrétien. Or, je le jure, écrit M, Léon Gautier dans la critique de cet ouvrage, la France était chrétienne avant même d'être monarchique.

La fable tient en quelques lignes: le citoyen Gauvain sauve un jour la vie de son oncle, le marquis de Lantenac,lequel était condamné à mort, et il est lui-même, en raison de ce dévouement sublime envoyé a la guillotine par son maître, par le farouche Cimourdain qui "au moment même où la tête de Gauvain roule dans le panier se traverse le coeur d'une balle." Voilà le roman.

Comme idée, le livre, est l'apothéose de la Révolution, de la Convention, apothéose éperdue, délirante, Delà, ces cris d'admiration : " La Convention est la grande cime ; II y a l'Himalaya et il y a la Convention" etc. C'est aussi; une explosion de haine : les rois, les prêtres, tel est le double objet d'une aversion qui touche au paroxysme et à la folie furieuse.

Au point :de vue historique, Victor Hugo commet des erreurs énormes, que certains manuels scolaires partagent, copient et amplifient Au mépris de l'histoire, il ose revendiquer pour la Convention; la gloire d'avoir " rendu l'indigence sacrée ", " L'infirmité sacrée ", d'avoir " décrété l'instruction gratuite ", etc. Ensuite, il n'a vu dans la guerre de Vendée, - tout en rendant hommage à l'intrépidité des chefs - que " la révolte prêtre "; il n'a pas posé la vraie question, à savoir si la -conscience est au-dessus de la Convention, ou la Convention au-dessus dé la conscience.

Au point de vue littéraire, quelques belles pages. Mais que d'antithèses, quelles phrases sautillantes, que de longueurs et d'épisodes superflus ! Et aussi, quelle fausse érudition !

Victor Delille, in Roman-Revue du 15 mars 1913


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